Le troubadour

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Part of the following chapter Sir Ulfar le Mur, donjon de Champierre #4
Mon jardin

Je gâche mes talents en accomplissant un tel travail de boucher ! J'excelle dans le maniement de l'épée, et non dans la lourdeur d'un hachoir grossier. Je trouve l'extase dans la calligraphie, pas dans ces tortures machinales et ennuyeuses. Ah oui. Tous doivent agir pour une gloire plus grande que nous. C'est vrai, je suis un guerrier, mais j'aime aussi à me considérer comme un chevalier troubadour des anciens temps. C'est pourquoi je dois m'efforcer de garder l'esprit vif pendant ces accès de cafard. Dans une demi-heure, je dois découper la chair d'une canaille jusqu'à ce qu'il nous dise la vérité. Mais pour le moment, je vais m'essayer à la poésie. MON JARDIN Face à toi, ma passion est un jardin envahi par les mauvaises herbes. Face à toi, l'amour est un cimetière qui a perdu de sa superbe. Mais désormais ton nom chasse la mélancolie. Avec ton nom, une fois prononcé, mon jardin fleurit. Ô fille céleste, pour toi J'arrose mon jardin du vin du combat. Romance par l'épée, Mes ennemis défaits. Dans toute oreille sans vie, je murmure ton nom. Ainsi hantes-tu les ouïes des morts. Comme la mer dans une conque échouée alors. Je pense que c'est ce que j'ai écrit de plus beau. Sir Ozur